Madonna veut réinventer ses shows
A l’occasion de la sortie du Rebel Heart Tour, Madonna a accordé hier un entretien téléphonique au journaliste musical de la BBC, Mark Savage.L’interview publiée sur le site de la chaine d’info anglaise se révèle très intéressante, elle est centrée sur la carrière scénique de la Reine de la Pop et sur la façon dont elle envisage ses prochains concerts.
En voici la traduction:
Avant de commencer, il y a une chose que j’aimerais savoir: est-ce que vous avez reçu votre colis FedEx ?
Ha ha! Oui, il est arrivé.FedEx renvoie la balle à la douane et inversement et on ne saura jamais ce qui est arrivé.Mais je l’ai maintenant.
Alors, j’ai vu le Rebel Heart Tour quand vous avez fait escale à Londres et le DVD réussit très bien à capturer ce que l’on ressentait quand on était dans le public.Comment vous avez fait ?
J’étais impliquée à chaque étape, tous les jours pendant des mois. C’est très difficile de capturer le véritable sentiment d’excitation, la passion, la chaleur, le sang, la sueur et les larmes.Je suis contente du résultat.
Il y a un moment particulièrement touchant pendant True Blue, quand tout le monde s’embrasse.
Je sais, c’est un moment plein de douceur et d’émotion pendant le show.Je ne m’y attendais pas, mais quand je regarde le dvd j’ai presque la larme à l’oeil parce qu’ils ont tous l’air tellement amoureux.
Comment vous mettez sur pied un show comme ça? D’où vous viennent les idées?
Tout est basé sur le choix des chansons. Donc en premier, je parcours mon catalogue de chansons avec mon groupe et je commence à travailler sur des choses qui m’enthousiasment, m’inspirent à ce moment-là.J’en ai marre d’interpréter certaines chansons et je ne veux pas les chanter.Pour d’autres titres, je me dis “Non, je l’ai fait lors de ma tournée précédente, je ne veux pas le refaire.”
Donc j’essaie de les faire tourner et j’essaie de faire en sorte que ce soit le reflet de mon humeur du moment et ce que je ressentais, ce qui m’inspirait au niveau artistique ou cinématographique, politique et philosophique.J’essaie de rassembler des chansons qui ont un lien thématique et ensuite j’essaie de raconter une histoire.Et puis je m’occupe du côté visuel.C’est vraiment tout un processus.
Quelles sont les chansons que vous ne voulez plus chanter?
Euh, j’ai tendance à ne plus vouloir chanter les chansons de la tournée précédente.Donc si j’ai chanté Material Girl lors de la précédente tournée, ou Express Yourself, alors je me dis “C’est bon, je l’ai chanté lors de 88 concerts.Je ne peux pas le refaire.”
Comment arrivez-vous à garder un bon équilibre entre les nouvelles et les anciennes chansons?
C’est pendant les répétitions que ça se passe.C’est très difficile pour moi, en particulier avec mes anciennes chansons, les chanter avec l’arrangement original.Parce que 33 ans plus tard, après les avoir chantées pendant si longtemps, il faut les réinventer.Et c’est ce que je fais.
Et c’est amusant pour moi de prendre une chanson pop des années 80 et d’en faire un titre salsa ou d’en faire une samba ou transformer une ballade en chanson rythmée.
Le thème dominant du show c’était être rebelle.Au début vous dites, “Quand des dictateurs fascistes en ont après vous sous couvert d’hommes vertueux” il faut se lever et prendre position.
Si vous faisiez cette tournée dans le contexte politique actuel, est-ce que ce message serait encore plus pertinent ?
Oui, j’ai écrit ce texte pour mon court-métrage Secret Project. J’ai l’impression que c’était un présage de ce qui allait arriver, comme une prophétie.
Vous avez senti les choses venir ?
à l’époque oui – et je crois que tous le monde pensait que j’étais un peu dramatique et extrême, mais lors de la tournée qui a précédé le Rebel Heart Tour, j’avais l’impression d’être le témoin des prémices.Et, bien sûr, regardez ce qui se passe dans le monde en ce moment.C’est plutôt dingue.
Il y a 27 ans, le Pape a essayé de faire interdire un de vos concerts.Aujourd’hui vous avez des nonnes qui font du pole dance et personne ne sourcille.C’est un progrès ?
Est-ce que c’est un progrès ? Euh, je pense que d’une certaine façon vous pouvez appeler ça un progrès.Quand j’ai sorti mon livre SEX, l’idée que quelque un se promène à moité nu dans la rue était un scandale.Mais regardez aujourd’hui les médias sociaux, ce n’est rien.
Les gens s’habituent, mais je n’appellerais pas ça un progrès. Ce que je considère comme un progrès ce sont les gens qui ont un esprit de plus en plus ouvert, et les gens qui comprennent la différence entre l’art et l’exploitation.
Quand j’ai été bannie par le Pape, je jouais avec les idées de la religion et de la sexualité, qui habituellement sont totalement séparées. Dans l’église catholique le sexe est considéré comme un pêché. Je questionnais et je remettais en question ce point de vue parce que de toute évidence je ne suis pas d’accord avec ça.
Donc aujourd’hui, des nonnes sur des barres de strip-tease ça ne scandalise personne, ça ne veut pas dire que le Vatican ou l’Église Catholique font un examen de conscience ou se demandent s’ils ont fait le bon choix.Je ne crois pas que les gens pensent que la sexualité et Dieu aient besoin d’être séparés.ça pour moi ça serait un progrès.
Le dvd inclut également le show Tears of a Clown que vous avez fait à Melbourne. C’était quelque chose d’unique ou c’est un galop d’essai pour un type de concert différent de la part de Madonna ?
J’aime bien faire des shows intimistes et pouvoir m’adresser directement au public; jouer avec eux et utiliser l’humour et les sentiments et la vérité, et partager ma vie, et aussi inventer des histoires.J’aime cette liberté et j’aime cette intimité, j’aimerais envisager d’en faire plus dans le futur.
Peut-être en résidence?
Oui, une résidence.Si je me repenche sur le Rebel Heart Tour, mon moment préféré c’était vraiment la dernière partie où je m’asseyais sur la scène, où je jouais du ukulélé et je chantais La Vie En Rose et je m’adressais au public.C’était juste plus intimiste.Le publique participait plus et j’étais plus connectée à des êtres humains.J’ai l’impression que j’ai de plus en plus envie de ça.
J’ai fait tellement de shows – des tournées mondiales, des stades, des enceintes sportives, et j’en passe – que j’ai l’impression qu’il faut que je réinvente ça maintenant.
C’est quelque chose que j’explore actuellement: l’idée de faire un show qui ne parcourt pas le monde, mais qui reste au même endroit et qui fait appelle non seulement à l’humour et à la musique dans un cadre plus intimiste mais aussi à la musique, à d’autres artistes et à d’autres formes de divertissement.
C’est un peu une porte tournante avec des talents exceptionnels, doués et uniques (des danseurs, des musiciens, des chanteurs, des comédiens, moi, du rire) Je ne sais pas ! J’essaie de mettre en place toutes ces idées en ce moment.
Est-ce que vous aviez l’impression d’avoir plus de place pour l’improvisation dans cette partie du show ?
Oui, je suis libre et je peux faire des erreurs. C’est une autre chose que je fais dans Tears of a Clown – si je foire le début d’une chanson et que je fais une gaffe, je n’ai qu’à me retourner et dire “Stop! On recommence!”
Quand vous faites des shows dans des grandes salles, vous êtes lié à la vidéo, vous ne pouvez pas vous arrêter. Dés que le train a quitté la gare, vous ne pouvez pas vous arrêter.
Il y a une certaine montée d’adrénaline – mais il n’y pas de place pour l’erreur. Alors j’aime l’idée de faire des erreurs et d’improviser.En chute-libre, vraiment.C’est plus excitant pour moi en ce moment.
Source: Mark Savage / BBC News
Traduction: MadonnaTribe