Interview exclusive de Madonna dans Le Parisien
A l’occasion de la sortie du Rebel Heart Tour en dvd, blu-ray et double cd live, Madonna a accordé une interview exclusive pour la France au quotidien Le Parisien / Aujourd’hui en France.Le journal consacre une page entière à cet entretien que l’on peut également retrouver en ligne ICI.
Madonna : «Je n’oublierai jamais ma nuit à République»
Madonna nous a révélé les secrets de «Rebel Heart», son dernier CD et DVD, et expliqué sa relation spéciale avec la France.
Nous n’avions pas parlé à Madonna depuis douze ans. Ce n’est pas faute d’avoir sollicité une rencontre à chaque album, à chaque passage à Paris. Et c’est au moment où l’on s’y attend le moins qu’on nous propose un «phoner» — une interview téléphonique — avec la star aux 59 printemps et aux 300 millions d’albums vendus. Pour promouvoir les CD et DVD de sa dernière tournée, «Rebel Heart», parus vendredi dernier.
Cet entretien est exclusif pour la France. On l’accepte malgré la consigne de ne pas parler de sa vie privée. Il y a assez à dire sur ses shows parisiens de décembre 2015, son hommage aux victimes du 13 Novembre… Mais on ne s’attend pas à être censuré par un ferme et répété «Eric, nous parlons du DVD» de l’attaché de presse qui écoute notre conversation, lorsque nous interrogeons Madonna sur Donald Trump, l’éventualité d’un concert au Bataclan, son boycott de la Russie en tournée… Cette artiste qui défend la liberté d’expression ne bronche pas. On ne s’attend pas non plus à ce qu’elle pose les deux premières questions.
Madonna. Bonjour Eric. Où avez-vous vu mon show ?
A Paris-Bercy, en décembre 2015.
Et trouvez-vous que le film a capturé votre expérience du show ?
Oui, même si les Français auraient forcément aimé retrouver les moments d’émotion particuliers à Paris.
Madonna. C’est un film pour le monde entier. Nous avons filmé tous les shows dans le monde. Mais je comprends. Les shows à Paris étaient vraiment très spéciaux, en particulier le premier, où nous étions allés ensuite place de la République. C’était très émouvant pour moi et j’aurais aimé la partager, mais c’était compliqué de l’inclure dans un film sur mon show probablement le plus universel.
Pourquoi être allée chanter place de la République ?
Je pense que c’était bien de revenir près du lieu (NDLR : le Bataclan) où avaient eu lieu les événements. Un monument symbolique, national. Nous voulions y clamer que nous ne céderions pas à la peur et, après toute cette violence et ces souffrances, apporter de la paix, de l’énergie, de la joie. Je n’oublierai jamais cette nuit, jamais…
Vos shows parisiens étaient aussi très intenses.
Je me suis toujours sentie connectée avec le public français, inspirée par les réalisateurs français, par Piaf… Et j’ai beaucoup travaillé avec des artistes français, Mirwais, Jean Paul Gaultier, Mondino…
Et beaucoup de danseurs…
Sur toutes les tournées ! A chaque fois que j’organise une audition, la plupart des danseurs sont français. C’est très bizarre. Il doit y avoir quelque chose dans l’air chez vous.
Vous chantiez « la Vie en rose » sur cette tournée…
Oui, et comme ma prononciation en français n’était pas très bonne, je me faisais corriger tous les soirs par mes danseurs français (elle rit).
A chaque concert, vous faisiez monter un ami ou une amie sur scène pour danser. A Paris, c’était Jean Paul Gaultier et Christine and The Queens.
C’était un plaisir ! J’adore Jean Paul et je suis une grande fan de Christine. Avec elle, nous avons beaucoup d’amis en commun. Ses danseurs, sa chorégraphe (NDLR : Marion Motin) et nous avons le même directeur vidéo. Elle est géniale.
Vous aimeriez travailler avec elle ?
Pourquoi pas, c’est possible. C’est une danseuse fantastique. Et elle repousse les limites. Nous partageons cet état d’esprit.
A Paris, vous aviez aussi chanté en duo avec votre fils David « Redemption Song », de Bob Marley.
C’était son idée. A Paris, je me suis sentie très fière et reconnaissante d’être là, de pouvoir utiliser ma voix d’artiste pour faire une déclaration, de reconnaître ce qui s’était passé chez vous mais aussi ailleurs dans le monde, d’impliquer mes enfants… C’était vraiment spécial.
Au début du show, vous annoncez : «Je veux toujours faire la révolution.» Vous vous sentez toujours une combattante ?
Je ne me bats pas seulement sur scène, mais au quotidien. Je suis très impliquée politiquement aux côtés d’organisations humanitaires, sur les réseaux sociaux pour exprimer mes idées, parfois ma colère. Je suis une combattante de la liberté, des droits pour les enfants africains, pour la santé, l’alimentation… Depuis que je suis née, je me bats pour les droits des femmes. J’essaie d’inclure ces combats dans mes shows, tout en restant une showgirl.
Vous aviez eu des déclarations musclées contre Trump après son élection ?
Oui, je devais le faire… (On nous coupe, elle reprend.) Je pense que c’est mon boulot d’artiste de faire le spectacle tout en passant quelques messages. Tous les chanteurs et auteurs ne ressentent pas ce besoin, mais moi, si. J’ai toujours été provocante et politique dans mon travail. Mais il y a aussi beaucoup d’émotions en moi.
Votre dernier album ne s’est vendu qu’à 50 000 exemplaires en France. Cela vous a déçu?
Ce qui m’a déçu, surtout, c’est que quelqu’un ait piraté et diffusé mes chansons sur Internet alors qu’elles n’étaient pas terminées. Cela a eu un énorme effet sur les ventes. Mais je reste très fière de cet album…
Vous préparez le suivant ?
Je travaille, je rencontre des musiciens, je discute de mes idées avec des producteurs. Je suis au tout début du processus.
Source: Le Parisien