«Madonna m’a aidé à vivre. J’avais 11 ans, j’étais fou de son énergie»
Dans son édition du 22 février, le quotidien belge Le Soir publie sur une double page une très longue interview du chorégraphe Damien Jalet à qui l’ont doit un des plus beaux tableaux du Madame X Tour, celui de Frozen.
Au cours de cet entretien, il confie notamment à quel point Madonna a été très importante dans sa vie et ce depuis sont très jeune âge quand il a vu le “Who’s That Girl Tour” à la télévision.
Damien Jalet parle également de sa collaboration avec la Reine de la pop pour la tournée de Madame X.
“J’ai vu Madonna à la télé dans “Who’s That Girl“, j’avais 11 ans et je suis tombé amoureux de suite, j’étais fou de son énergie.Elle dégageait une liberté et une force ! Je l’ai vue en concert en 1993 à Paris, au 4ème rang.C’était The Girlie Show.J’étais fou.Elle m’a ouvert sur Bob Fosse.Martha Graham.Elle a eu alors quelque chose de vraiment salvateur pour moi, une bulle d’air qui m’a aidé.Qu’elle utilise son corps et l’idée de transformation ont beaucoup aidé mon travail.Devenir quelque chose d’autre et, par cette transformation, s’affirmer encore plus, être son propre instrument, à la fois chanteur, danseur, pouvoir être son imagination et ce qui nous inspire, combiner le tout et trouver une liberté de ton.Faire quelque chose de fort qui galvanise.
Vous la découvrez quand ?
A 11 ans, à la télé dans “Who’s That Girl ? Tour”.Je suis tombé amoureux tout de suite, j’étais fou de son énergie.Elle dégageait une liberté, une force, quelque chose de transcendant qui sortait des limites, une voix et un physique non conventionnels, cette façon de dire “je fais ce que je fais.”J’achetais des vinyles, son film In Bed With Madonna que j’ai vu quand j’avais 14 ans.C’était la première fois que je voyais deux hommes qui s’embrassaient.Il y avait une atmosphère dionysiaque, une espèce de puissance avec beaucoup d’humour.Et puis ses combats contre le Sida et l’homophobie étaient pour moi des choses très concrètes.Vous diriez qu’elle vous a aidé à vivre ?
A l’époque, oui vraiment !La rencontrer en vrai a amplifié le sentiment ?
C’était l’année dernière.Quand j’ai reçu un message de son assistante, j’ai cru que c’était un spam.On s’est rencontrés à Londres dans son intimité.Ensuite, elle m’a demandé de rester tout l’été en l’aidant à faire ce qu’elle n’avait jamais fait: un spectacle dans un théâtre avec des danseurs contemporains pour la plupart.C’était impressionnant de voir sa vulnérabilité.J’ai travaillé avec sa fille Lourdes, fait un solo pour son partenaire.C’est la première fois qu’elle fait quelque chose avec sa fille, sur la chanson Frozen.C’était dur et émouvant.
Témoin direct des attentats de Paris le 13 novembre 2015, Damien Jalet revient sur l’empathie de Madonna à ce moment-là, ce qui l’a beaucoup aidé:
(…) A l’époque, Madonna était la seule à avoir réussi à parler et à rentrer dans une empathie où je me suis dit qu’elle avait compris.C’est peut-être une des raisons supplémentaires pour lesquelles j’avais envie de faire quelque chose avec elle.Je me dis que si tu as ce niveau d’empathie, ça veut dire que tu es encore toujours à la bonne place.Que tu comprends la responsabilité que tu as en tant qu’artiste.Autant les gens pourront critiquer ta façon de t’habiller, ta musique, autant tu sais pourquoi tu fais les choses et c’est pour ça que tu continues à les faire après autant de temps.C’est un modèle.ça casse la frontière populaire et culture savante, qui est très secondaire.Ce qui compte, c’est où tu arrives à toucher les gens et les transformer.