Le jour où je “fais passer son premier casting à… Madonna !”
A l’occasion des 40 ans du tube “Born To Be Alive“, Paris Match consacre cette semaine sa rubrique “Le Jour Où” à Patrick Hernandez qui revient sur le moment où il a fait passer un casting à Madonna en 1979:
Il y a quarante ans exactement sortait mon tube « Born to Be Alive ». La même année, je rencontre Madonna avant qu’elle devienne célèbre. Les rumeurs nous prêtent toutes sortes de relations, pourtant la vérité est bien différente.
En juillet 1979, le succès de « Born to Be Alive » est planétaire. Je suis à New York avec l’équipe de production pour des auditions. Nous recherchons des danseurs et des chanteurs afin de m’entourer pendant les concerts d’une tournée américaine. Vient le tour d’une jeune fille qui va tous nous bluffer. C’est Louise Ciccone, pas encore Madonna, âgée de 19 ans. Je suis époustouflé par sa performance, originale et empreinte d’une forte personnalité. Comme les autres prétendants avant elle, nous lui demandons de chanter. Elle refuse et nous devons insister. Elle rêve de danse et de cinéma, pas de devenir chanteuse. Pourtant elle entonne « Jingle Bells » et agrémente sa performance d’une chorégraphie qui nous charme un peu plus. Devant l’originalité de son audition, nous décidons de lui offrir davantage qu’un rôle de danseuse. Nous l’invitons sur-le-champ à dîner au Pierre, un palace face à Central Park. Ce soir-là, nous lui proposons de rentrer avec nous à Paris pour qu’elle commence à enregistrer un disque. A l’époque, la production n’a que mon tube et veut s’élargir à d’autres artistes. Débarquée de Detroit avec peu d’argent, Madonna accepte notre offre immédiatement.
Au final, elle n’a jamais dansé pour moi, mais nous avons emménagé sous le même toit, au 32, rue de Courcelles à Paris, chez notre producteur. Pendant que je fais la promo de mon tube aux quatre coins du monde, elle prend tous les jours des cours de danse dans le quartier des Halles. Nous sortons souvent ensemble dans les soirées parisiennes. Devenus amis, elle me confie ses rêves artistiques. J’en suis persuadé : son timbre peut la propulser au sommet. Madonna m’accompagne sur quelques voyages, multiplie les petits contrats de danseuse, gagne en expérience.
Un an après, elle a écrit quelques chansons et semble s’épanouir à Paris. Les fêtes de fin d’année arrivant, elle demande un billet d’avion aller-retour à la production pour rentrer chez elle. Madonna n’est jamais revenue. Trois ans plus tard, mon amie chante « Holiday » et connaît un succès mondial !