Traduction de l’interview de Cosmopolitan
Madonnatribe vous propose la traduction française de l’interview de Madonna parue dans le numéro du mois de mai du magazine americain Cosmopolitan:
Parlons du titre de l’album, Rebel Heart.Trente ans après, contre quoi est-ce vous vous rebellez encore?
Il ne faut pas être dupe, ça n’a pas beaucoup changé, certainement pas pour les femmes.Nous vivons toujours dans une société très sexiste qui veut limiter les gens.Depuis mes débuts, J’ai eu des gens qui m’ont donnée du fils à retordre parce qu’ils pensaient que l’on ne pouvait pas être sexuel, ou avoir de la sexualité ou de la sensualité dans son travail et être en même temps intelligent.Les gens aiment toujours mettre les femmes dans des catégories, la gentille fille, la mauvaise fille, la vierge, la putain.Au début de ma carrière, on essayait de me mettre dans une case et de me diminuer.Aujourd’hui je suis discriminée parce que j’ai 56 ans et les gens pensent que je n’ai pas le droit de continuer à avoir du succès, à être sexuelle et à m’amuser.C’est une sorte de sexisme et de discrimination.Aucun homme n’est critiqué pour son comportement à cause de son âge.C’est seulement les femmes. Pour moi, ce combat continue toujours.
Pourquoi selon vous les gens réagissent comme ça au sujet de la sexualité des femmes plus âgées?
Vous pouvez avoir une brillante carrière, mais finalement, c’est “On veut que tu te maries, que tu ais des enfants, et que tu partes”. ou “Tu nous déranges pas si tu te désexualises d’une façon où d’une autre.Si tu te castres ou si tu deviens comme un homme, alors on peut t’accepter.”La raison pour laquelle j’admire des femmes comme Frida Kahlo, Lee Miller et Marta Graham c’est parce qu’elles n’entrent pas dans le rôle conventionnel de la façon dont une femme doit se comporter.Elles ne correspondaient pas à ce que la société attendait qu’une femme fasse.
Cela fait 50 ans qu’Helen Gurley Brown a apporté un nouveau message sexuellement libéré à Cosmopolitan.A vos débuts, vous avez beaucoup pensé au féminisme?
Je ne pensais pas au mot féminisme autant qu’aux femmes qui étaient féministes.J’étais influencée par des auteurs comme Anne Sexton, Sylvia Plath, Carson mcCullers, des femmes qui n’ont pas empruntées les chemins les plus fréquentés.Je ne me disais pas “Oh elles sont féministes et je veux être féministe.”Je me disais seulement “Ce sont des femmes fortes et je veux être comme elles.”Je ne catégorisais pas ou je ne mettais pas d’étiquettes, mais j’étais vraiment reconnaissante qu’elle existent en tant que modèles.”
Et maintenant? ça vous fait quoi de vous appeler une féministe?
Je pense qu’humaniste est une meilleure idée.Je n’aime pas l’idée de ségrégation.Tous les êtres humains doivent être traités avec dignité, honneur et respect, gay, hétéro, bi, noir, blanc, homme, femme, musulman, catholique, bouddhiste etc.La révolution de l’amour ce n’est pas juste faire avancer les droits des femmes, c’est faire avancer les droits de chaque créature vivante sur cette planète.
Vous avez des rendez-vous amoureux, ou est-ce que c’est juste impossible étant donné que vous êtes, vous savez, Madonna?
C’est un défi.Généralement je rencontre les gens par le biais de mon travail.Des musiciens, des compositeurs, des producteurs, des danseurs.Je suis attirée par des gens créatifs, mais je n’ai pas de règles pour les rencontres.
On dirait que personne ne peut vous affaiblir.Diriez-vous que c’est vrai?
C’est absurde.Même les femmes fortes ont des moments de faiblesse et de vulnérabilité.J’ai mes moments de dépression;ça se passe en privé.
Cet album ressemble à un Who’s Who de l’industrie musicale: Kanye, Diplo, Nicki Minaj.Comment est-ce que vous choisissez ceux avec qui vous travaillez?
On se choisit.C’était l’idée de mon manager de travailler avec l’équipe d’Avicii.J’ignorai que Tim Berling écrivait des chansons.Pour moi c’était un DJ / producteur, mais il avait deux équipes d’auteurs.J’allais d’une pièce à l’autre, je m’asseyais et j’écrivais avec eux.Je les appelais mon harem de vikings.Je ne me souviens plus comment Diplo est arrivé sur le projet.Mais c’était quelqu’un dont j’aimais beaucoup la musique.Il a amené avec lui toute une armée de gens.Je pense qu’il pensait que j’allais être plutôt difficile.Il était nerveux, mais alors petit à petit, tous les gens ont commencé à être repoussés.L’écriture c’est basé sur la confiance, vous avez une connexion immédiate avec certaines personnes, elles comprennent votre sens de l’humour.Vous vous mettez sur la même fréquence.D’autres personnes sont étrangement crispées et vous vous dites “Ok, je ne peux pas attendre jusqu’à ce que ça aille mieux.”Natalia Kills, je l’ai adorée au moment même où elle est entrée dans la pièce.Et MoZella, c’est une fille du Michigan.J’ai accroché avec elle immédiatement.
A quel point c’était difficile d’avoir autant de gens impliqués?
Tout le processus d’écriture c’était comme un train qui continuait d’avancer.Je faisais monter des gens.Certains restaient plus longtemps dans le train que d’autres.Ils descendaient à des gares et ils montaient à d’autres.Diplo n’arrêtait pas d’aller et venir.Nous vivons à une époque où ces djs/producteurs travaillent avec beaucoup d’artistes.Personne ne fait de disques entiers avec une seule personne.Alors je devenais dingue, je me disais “Est-ce que je peux t’avoir pour une semaine entière? Pourquoi je t’ai seulement pour deux jours?” Il y avait une bataille permanente avec les personnes qui passaient beaucoup de temps à voyager.ça me rendait dingue.Mais c’est comme ça que tout le monde a fini par trouver sa place dans le projet.
Vous et Kanye dans la même pièce ça devait être plutôt intense.ça ressemblait à quoi votre collaboration?
C’est un peu comme une corrida, mais chacun son tour.Il sait qu’il entre dans une pièce où se trouve une personne avec un point de vue bien arrêté, pareil pour moi.J’écoute ce qu’il a à dire, je le comprends, et il écoute ce que j’ai à dire et le comprend.Il sait qu’au final j’ai le dernier mot en ce qui concerne mes chansons mais je respecte son opinion.On n’était pas d’accord sur tout mais il a de bonnes idées.Il n’y a eu aucune engueulade sur ce disque.En fait, j’ai du crier une fois sur Diplo.Mais c’était seulement parce qu’il était parti pour aller faire une séance photo en plein milieu d’un session d’enregistrement sans m’avertir (elle rit).
Parlez-moi de la chanson “Unapologetic Bitch”.Quel en est l’inspiration?
ça parle d’un mec qui m’a entubée.ça n’a rien à voir avec la société.