”Art for Freedom by Madonna” dans l’Uomo Vogue
Rendez-vous sur Vogue.it pour découvrir Art for Freedom by Madonna, qui fait la couverture du numéro de Mai-Juin 2014 de L’Uomo Vogue.
A cause d’internet, ou alors parce que nous avons acquis une maturité vis-à -vis des médias de masse, le rôle social des célébrités a changé ces dernières années.Non, elle ne sont pas moins intéressantes mais désormais nous exigeons une plus grande transparence.
En conséquence, beaucoup ont redécouvert l’ancienne fonction de l’art comme une conscience publique et elle utilisent leur puissance médiatique à des fins sociales.Un exemple? Madonna; qui est non seulement toujours la plus grande icône pop de notre époque, mais aussi une des plus engagées dans le combat pour les droits de l’homme, comme elle l’a montré dans ses fréquentes déclarations publiques, dans son travail humanitaire au Malawi et dans son projet récent Secretprojectrevolution et Art For Freedom.
Secretprojectrevolution est un court-métrage co-réalisé avec Steven Klein.Il appelle à une “Révolution de l’amour [Â…] une révolution de la pensée indépendante, ou avoir sa propre opinion et ne pas se soucier de ce que disent les gens”.
Le film a un point de vue autobiographique et refléte les nombreuses batailles contre les stéréotypes que Madonna a menées dans sa vie.”Comment peut-on faire de l’art sans s’impliquer?” a déclaré Miss Ciccone.”J’aime me comparer à Frida Kahlo: tout ce qu’elle a fait était un auto-portrait”.
Le court-métrage était destiné à la campagne publicitaire de sa collection de lingerie, mais Secretprojectrevolution s’est transformé en un manifeste comme l’oppression.C’est basé sur une chorégraphie noire, sensuelle avec des scènes de masochismes tournées dans le labyrinthe de salles d’une ancienne prison à Buenos Aires.
Madonna joue successivement les rôles de prisonnière et de tortionnaire, c’est accompagné par des messages politiques sur le contrôle et la punition.”à des moments nous sommes les victimes de l’oppression, à d’autres nous nous emprisonnons” a-t-elle dit.”Le film est un exemple du monde paradoxal dans lequel nous vivons”.
Secretprojectrevolution est l’étape suivante initiée par le film.C’est une plateforme numérique en association avec Vice Media qui héberge des vidéos, des photos, des illustrations et des performances qui traitent de l’intolérance et de la persécution.”Il y a eu une époque où l’art reflétait ce qui se passait dans la société”, poursuit-elle pensive.”des artistes comme Marvin Gaye, Stevie Wonder, Richard Pryor ou Jean-Luc Godard prenaient des positions politiques au travers de leur art”.Le but d’Art For Freedom est “d’encourager les gens à croire que l’on peut provoquer le changement dans le monde à travers l’art” et un cri de protestation contre la marchandisation de la créativité.
Sa plus grande source d’inspiration est l’écrivain et activiste James Baldwin qui s’est longuement exprimé sur la responsabilité de l’artiste dans la société.”En permettant de se laisser dévoré par la réputation, en s’inquiétant d’avoir l’autorisation des autres et en mettant en avant uniquement ce qui est acceptable et populaire, nous détruisons notre art et tout ce qui fait qu’il est unique” a déclaré Madonna.
Au début de sa carrière, à New York, elle appartenait à la communauté artistique de l’East Village et elle était l’amie de Jean-Michel Basquiat et Keith Haring qui traitaient des problèmes sociaux au travers de l’art, de façon direct, comme de nombreux artistes dans Art For Freedom.”trainer avec Keith et Jean-Michel m’a profondément influencée” se rappelle-t-elle.”Leur approche de l’art avait pour but de le rendre accessible aux gens, dans le métro, dans la rue.Ce n’était pas élitiste, vous n’aviez pas à payer, vous n’aviez pas à aller au musée ou dans une galerie ou à fréquenter des gens riches, vous pouviez être n’importe qui”.
Art For Freedom combat les stéréotypes, le fanatisme et la discrimination, et met en avant les droits civils et l’acceptation de la diversité.”Il y a des ennemis, des tyrans, des fascistes et des dictateurs, des gens qui détruisent la vie des autres ou leur prennent leur liberté; comme Putin ou le président du Venezuela”, continue la star avec ferveur.”En fait, l’ennemie est à l’intérieur de nous.Que nous en sommes conscients ou pas, nous discriminons et jugeons constamment les autres.Donc la première chose que nous devons changer c’est nous-mêmes.C’est ce qu’ont dit tous les grands leaders comme Gandhi, Martin Luther King, John Kennedy et Nelson Mandela”.
Après l’arrestation des Pussy Riot, Madonna a fait un discours défendant les droits des homosexuels lors de son show à St Saint-Pétersbourg en 2012.87 personnes ont été arrêtées ce soir-là et la star a été condamnée à payer une amende d’un million de dollars.A d’autres reprises elle a été huée, censurée et menacée de mort mais rien ne l’arrête.”Je suis prête à tout sacrifier au nom des droits de l’homme”, a-t-elle déclarée, “sauf mes enfants”.
Son prochain album aura un lien avec Art For Freedom.Et nous pouvons nous attendre à la voir de plus en plus impliquée et engagée.”Je n’ai pas le choix.A ce point, il n’y a pas de retour en arrière.C’est mon rôle dans le monde, mon travail en tant qu’artiste.J’ai une voix et je dois l’utiliser”.
Loin des murs des musées, dont un nombre grandissant de pop stars inspire à traverser, les déclarations de Madonna et sa résolution font écho aux mots de Baldwin.Elles sont destinées aux autres artistes dans l’espoir de les éveiller à leur rôle potentiel d’agent, s’ils le souhaitent, de changement social et de leaders d’une société plus démocratique et civilisée.
L’Uomo Vogue, May-June 2014 (n. 451)
Assistante artistique Esther Matilla, Rika Watanabe.
Manucure Naomi Yasuda@Streeters.
Coiffure Andy LeCompte@The Wall Group for Wella Professionals.
Maquillage Gina Brooke for Intraceuticals.
Styliste personnelle Arianne Phillips.
Rédactrice de mode Rushka Bergman
Photographe Tom Munro
Article de Francesco Spampinato – Vogue.it.