”Madonna by Madonna”: la traduction française
Madonnatribe vous propose la traduction en français de l’article autobiographique “Madonna par Madonna” qui sera publié dans le numéro de novembre d’Harper’s Bazaar et qui est déjà disponible en ligne sur le site du magazine américain:
Action ou vérité? (Truth or dare?)
C’est une formule qui est souvent associée à ma personne.J’ai fait un documentaire portant ce titre, et ça me colle à la peau depuis.C’est amusant d’y jouer si vous êtes d’humeur à prendre des risques, je le suis souvent.Mais, vous devez y jouer avec un groupe de personnes intelligentes.Sinon vous allez vous retrouver à embrasser avec la langue tout le monde dans la pièce ou à faire des fellations à des bouteilles d’Evian !
Cliquez pour agrandir.
En général les gens choisissent “vérité” quand c’est leur tour parce qu’on peut mentir sur soi-même et personne n’en saura rien, mais quand on vous met au défi de faire quelque chose, vous devez vraiment le faire.Et faire quelque chose d’audacieux est une proposition plutôt effrayante pour la plupart des gens.Pourtant, pour une raison étrange, c’est devenu ma raison d’être.
Si je ne peux pas faire preuve d’audace dans mon travail ou dans la façon de mener ma vie, alors je ne vois pas vraiment l’intérêt d’être sur terre.
ça peut paraitre plutôt extrême, mais grandir dans une banlieue du Midwest était tout ce dont j’avais besoin pour comprendre que le monde était divisé en deux catégories: ceux qui suivent le status quo et jouent la sécurité, et ceux qui balancent la convention par la fenêtre et qui dansent au son d’un instrument différent.Je me suis engouffrée dans la deuxième catégorie, et j’ai découvert très tôt qu’être rebelle et ne pas se conformer ne vous rend pas très populaire.En fait, c’est le contraire.On vous regarde comme quelqu’un de suspect.Un fauteur de troubles.Quelqu’un de dangereux.
A 15 ans, vous pouvez vous sentir mal à l’aise.Les adolescents veulent d’un côté se fondre dans le moule et de l’autre être rebels.Boire de la bière et fumer un joint sur le parking de mon lycée ce n’était pas l’idée que je me faisais de la rébellion, parce que c’était ce que tout le monde faisait.Et je ne voulais jamais faire ce que les autres faisaient.Je pensais que c’était plus cool de ne pas me raser les jambes ou les aisselles.Je veux dire, Pourquoi Dieu nous a donné des poils alors? Pourquoi les hommes n’ont pas à se raser à ces endroits? Pourquoi c’était accepté en Europe et pas aux à‰tats-Unis? Personne n’a pu répondre à mes questions de façon satisfaisante, j’ai donc repousser les limites plus loin.J’ai refusé de porter du maquillage et j’ai mis des écharpes autour de ma tête comme un paysan russe.Je faisais le contraire de ce que toutes les autres filles faisaient, et je me suis transformée en véritable repousseuse d’hommes.Je mettais les gens au défi de m’aimer moi et mon non-conformisme.
Cela ne s’est pas très bien passé.La plupart des gens pensaient que j’étais bizarre.Je n’avais pas beaucoup d’amis;J’avais beau ne pas avoir d’amis mais cela s’est avéré être positif au final, parce que lorsque vous n’êtes pas populaire et que vous n’avez pas de vie sociale, cela vous donne plus de temps pour vous concentrer sur votre futur.Et pour moi, c’était aller à New York pour devenir une VERITABLE artiste.De pouvoir m’exprimer dans une ville de non-conformistes.De me délecter, de me trémousser et vibrer dans un monde et être entourée de gens audacieux.
New York n’était pas tout ce que je pensais qu’elle serait.Elle ne m’a pas accueilli les bras ouverts.La première année, j’ai été menacée par une arme à feu, j’ai été violée sur le toit d’un immeuble, on m’a forcé à avancer avec un couteau dans le dos et mon appartement a été cambriolé trois fois.Je ne sais pas pourquoi;Après qu’ils aient pris ma radio la première fois, je n’avais rien de valeur.
Cliquez ici pour lire la suite de la traduction.
Les immenses buildings et la dimension gigantesque de New York m’ont coupée le souffle.Les trottoirs bouillant et le bruit de la circulation, et l’électricité des gens marchant très vite à côté de moi dans les rues a été un choc pour mes neurotransmetteurs.J’avais l’impression d’avoir été branchée dans un autre univers.J’ai l’impression d’être un guerrier fendant la foule pour se frayer un chemin pour survivre.Du sang circulait dans mes veines, j’étais prête à survivre.Je me sentais vivante.
Mais j’avais aussi la peur au ventre et j’étais effrayée par l’odeur de pisse et de vomis présente partout, en particulier dans le couloir du palier du 3éme étage où j’habitais.
Et tous les sans-abris dans la rue.Ce n’était pas ce à quoi je m’étais préparée à Rochester dans le Michigan.J’essayais de devenir une danseuse professionnelle, je payais mon loyer en posant nue pour des cours d’art, je fixais des gens qui me fixaient nue, les mettant au défi de voir en moi autre chose qu’une forme qu’ils essayaient de reproduire avec leurs crayons et leur fusain.J’étais rebelle, déterminée à survivre, à réussir.Mais c’était difficile et j’étais seule.Tous les jours je devais me poser des défis pour continuer à avancer.Parfois je jouais les victimes et je pleurais dans la boite à chaussure qu’était ma chambre avec une fenêtre qui donnait sur un mur, je regardais les fientes de pigeons sur le rebord.Et je me demandais si tout ça en valait vraiment la peine, mais alors je me ressaisissais et je regardais une carte postale de Frida Kahlo scotchée au mur, et la vue de ses moustaches me consolait.Parce qu’elle était une artiste qui en avait rien à faire de ce que les gens pensaient.Je l’admirais.Elle avait de l’audace.Les gens ont été durs avec elle.La vie a été dure avec elle.Si elle pouvait le faire, alors moi aussi.
A 25 ans, c’est un peu plus facile de faire preuve d’audace, en particulier si vous êtes une popstar, parce qu’on s’attend à ce que vous ayez un comportement excentrique.A l’époque, je me rasais les aisselles, mais je portais autour du coup autant de crucifix que je le pouvais, et je racontais aux gens dans des interviews que je faisais ça parce que je trouvais Jésus sexy.Et bien il était sexy à mes yeux, mais je l’ai aussi dit pour provoquer.J’avais une relation amusante avec la religion.Je crois énormément au comportement ritualiste tant que cela ne fait de mal à personne.Mais je ne suis pas une grande fan des règles.Et pourtant on ne peut pas vivre dans un monde sans ordre.Mais pour moi, il y a une différence entre les règles et l’ordre.Les règles, les gens les suivent sans poser de questions.L’ordre c’est ce qui se produit quand les paroles et les actes rassemblent les gens, ne les séparent pas.Oui, j’aime provoquer.C’est dans mon ADN.Mais neuf fois sur dix il y a une raison.
A 35 ans, j’étais divorcée et je cherchais l’amour dans tous les mauvais endroits.J’ai décidé d’être plus qu’une fille avec une dent en or et des petits amis gangsters.Plus qu’une provocatrice sexuelle implorant les filles de ne pas se contenter de la deuxième place baby.J’ai commencé à chercher du sens et un véritable but dans la vie.je voulais être mère, mais j’ai compris qu’être simplement une combattante pour la liberté ne signifiait pas que j’avais les compétences pour élever un enfant.J’ai décidé que j’avais besoin d’une vie spirituelle.C’est à l’époque où j’ai découvert la Kabbale.
On dit que lorsque l’élève est prêt, le professeur apparait, et j’ai bien peur que ce cliché s’applique aussi à moi.C’était la prochaine période de défis de ma vie.Au début, je m’asseyais au fond de la classe.J’étais souvent la seule femme.Tout le monde avait l’air très sérieux.La plus part des hommes portaient un costume et une kippa.Personne ne me remarquait et personne ne semblait s’en soucier, ça m’allait très bien.J’étais époustouflée par ce que racontait le professeur.ça avait une résonance en moi, ça m’inspirait.On parlait de Dieu, du paradis et de l’enfer, mais je n’avais pas l’impression que l’on me forçait à apprendre un dogme religieux.J’apprenais la science et la quantique physique.Je lisais l’araméen.J’étudiais l’histoire.je découvrais une sagesse ancienne que je pouvais appliquer à ma vie de façon concrète.Et pour une fois, on encourageait les débats et les questions.C’était un endroit pour moi.
Quand le monde a découvert que j’étudiais la Kabbale, on m’a accusée d’avoir rejoint une secte.On m’accusait d’avoir subi un lavage de cerveau, de donner tout mon argent.J’étais accusée de toutes sortes de choses insensées.Si j’étais devenue Bouddhiste, avec un temple chez moi et que j’avais commencé à chanter “Nam-myoho-renge-kyo”, personne ne s’en saurait soucié.Je ne veux pas manquer de respect envers les bouddhistes, mais la Kabbale faisaient vraiment peur aux gens.C’est toujours le cas.Personne ne s’était dit qu’étudier les interprétations mystiques de l’Ancient Testament et essayer de comprendre les secrets de l’univers était quelque chose d’inoffensif à faire.Je ne faisais de mal à personne.J’allais juste en classe, je prenais des notes dans mon carnet à spirale, contemplant mon futur.J’essayais en fait de devenir une meilleure personne.
Pour certaines raisons, ça rendait les gens nerveux.ça rendait les gens fous.Est-ce que je faisais quelque chose de dangereux ? Cela m’a forcé à me poser cette question: Est-ce qu’essayer d’avoir une relation avec Dieu est audacieux ? Peut-être que oui.
A 45 ans, j’étais à nouveau mariée, avec deux enfants et je vivais en Angleterre.Je considère que déménager dans un pays étranger est un acte très audacieux.Cela n’a pas été facile pour moi.Juste parce qu’on parle la même langue ne signifie pas que l’on parle le même langage.Je ne comprenais pas pourquoi il y avait toujours un système de classes.Je ne comprenais pas la culture des pubs.Je ne comprenais pas qu’être ouvertement ambitieux était mal vu.Encore une fois je me sentais seule.Mais j’ai tenu bon et j’ai trouvé ma voie, j’ai commencé à aimer l’esprit anglais, l’architecture géorgienne, le pudding collant au caramel et la campagne anglaise.Il n’y a rien de plus beau que la campagne anglaise.
Puis j’ai décidé que je disposais énormément d’argent et que dans le monde il y a beaucoup trop d’enfants sans parents ou familles pour les aimer.J’ai déposé un dossier dans une agence d’adoption internationale
et j’ai fait toutes les démarches administratives, j’ai subi des tests, j’ai attendu, tout ce que les autres traversent quand ils veulent adopter.Le destin a voulu que, en plein milieu de cette procédure, une femme d’un petit pays d’Afrique qui s’appelle le Malawi, me contacte pour me parler des millions d’enfants devenus orphelins à cause du SIDA.Avant même de pouvoir prononcer “Zikomo Kwambiri”, j’étais à l’aéroport de Lilongwe pour aller dans un orphelinat à Mchinji où j’ai rencontré mon fils David.Et cela a été le début d’un autre chapitre audacieux de ma vie.J’ignorais qu’essayer d’adopter allait me mener en pleine tempête.C’est ce qui c’est passé.J’ai été accusée de kidnapping, de trafic d’enfants, d’avoir utilisé mes pouvoirs de célébrités pour passer devant tout le monde, d’avoir versée des pots de vin aux membres du gouvernement, de sorcellerie et tout ce que vous pouvez imaginer.J’avais certainement fait quelque chose d’illégal!
Cela a été une expérience qui m’a ouverte les yeux.Un des moments les plus tristes de ma vie.Je pouvais affronter les gens qui m’agressaient pour avoir simulé la masturbation sur scène ou pour avoir publié mon livre Sex, même pour avoir embrasser Britney Spears sur la bouche lors d’une cérémonie de récompenses, mais essayer de sauver la vie d’une enfant n’était pas quelque chose pour lequel je pensais être punie.Des amis ont essayé de me réconforter en me disant de voir tout ça comme la phase douloureuse des contractions par laquelle on passe toutes quand on accouche.C’était vaguement réconfortant.En tous les cas, je l’ai traversée.J’ai survécu.
Quand j’ai adopté Mercy James, j’ai revêtu mon armure.J’ai essayé de mieux me préparer.Je me suis préparée mentalement.Cette fois-ci une juge malawite m’a accusée d’être une mère indigne parce que j’étais divorcée.Je me suis battue contre la court suprême et j’ai gagné.il a fallu presque une année supplémentaire et de nombreux avocats.J’en ai encore pris plein la gueule, mais cela ne m’a pas autant blessée.Et rétrospectivement, je ne regrette aucun moment de ce combat.
Une des nombreuses choses que j’ai apprises de tout ça: si vous n’êtes pas prêts à vous battre pour ce en quoi vous croyez, ne montez pas sur le ring.
Dix ans plus tard, me voilà , divorcée et vivant à New York.J’ai été bénie avec quatre merveilleux enfants.J’essaie de leur apprendre à sortir des sentiers battus, de faire preuve d’audace, de choisir de faire des choses parce que ce sont les bonnes choses à faire, pas parce que tout les autres le font.J’ai commencé à faire des films, ce qui est probablement la chose la plus stimulante et la plus enrichissante que j’ai faite.Je construis des écoles pour filles dans des pays islamiques et j’étudie le Coran.Je pense que c’est important d’étudier tous les livres sacrés.Comme mon ami Yaman n’arrête pas de me le répéter, un bon musulman est un bon juif, et un bon juif est un bon chrétien, etc Je suis entièrement d’accord.Pour certains c’est une pensée très audacieuse.
Au cours de la vie (et dieu merci elle a évolué), l’idée d’être audacieuse est devenue la norme pour moi.Bien sur, tout ça est une question de perception parce que poser des questions, mettre en doute les idées et les systèmes de croyance des gens, et défendre ce qui n’ont pas le droit à la parole c’est devenu une part importante de mon quotidien.Dans mon livre, c’est normal.
Dans mon livre, tout le monde fait quelque chose d’audacieux.S’il vous plait ouvrez ce livre.Je vous mets au défi.
Traduction: MadonnaTribe