La Presse: ”Michel Laprise: mettre en scène Madonna”
A quelques jours du premier concert au Canada de la tournée mondiale 2012 de Madonna, Nathalie Petrowski, journaliste au journal canadien La Presse, a rencontré Michel Laprise, metteur en scène du Cirque du Soleil et du MDNA Tour.
Voici un extrait de l’article dans lequel il parle de sa collaboration avec la Reine de la Pop:
“(…) Dans le fond, ce que ces millionnaires cherchaient, c’était un concept marqué du sceau de qualité du Cirque du Soleil. C’est probablement aussi ce que Madonna cherchait lorsqu’elle a rencontré Laprise et le directeur artistique Jean-François Bouchard, dans un studio d’enregistrement à New York. Le charme volubile de Laprise, son passé théâtral, sa culture et son expérience des grosses productions, ont fait le reste même si Laprise ajoute: “Il fallait quand même qu’elle ait du guts pour engager quelqu’un dont le nom n’apparaà®t pratiquement pas quand tu le tapes dans Google!”
Laprise se revoit debout au milieu du studio, exposant ses idées avec force gestes, tandis qu’une Madonna silencieuse l’observe avec un petit sourire, l’air de se dire: il n’est pas gêné, celui-là ! “Plus tard, elle m’a fait entendre un premier extrait de son nouvel album. Elle semblait nerveuse et vulnérable et j’ai tout de suite eu envie de travailler avec elle.“
Les textos de M (comme la surnomme son entourage) ont commencé à débouler à toute heure du jour et de la nuit tandis qu’une complicité artistique naissait lentement entre la chanteuse et celui qu’elle présentait à ses amis comme “le French Canadian that makes me chuckle”.
Un réel dialogue
Je brà»le de lui poser une question depuis le début de l’entretien: quelqu’un sur terre, aussi talentueux soit-il, peut-il vraiment mettre en scène une star réputée autoritaire, déterminée et sachant exactement ce qu’elle veut?
“Oui, répond d’emblée Michel Laprise. On peut lui donner des conseils, lui faire des propositions. C’est quelqu’un qui écoute beaucoup. On ne lui dit pas comment bouger, ça, elle sait le faire à la perfection, mais pour le reste, c’est tout à fait possible de mettre en scène Madonna.”
En tout, depuis la gestation, les répétitions à New York dans les studios du Meat Packing District et le coup d’envoi de la tournée MDNA, trois mois se sont écoulés. Pendant ce court mais intense laps de temps, Laprise en a vu de toutes les couleurs, en chaussant les souliers du célèbre Jamie King qui était des deux dernières tournées de Madonna.
Il se souvient encore du jour où il expliquait à Madonna, comment il imaginait la scène du motel avec son revolver et ses éclats de sang sur le mur. “Je voulais évoquer une atmosphère très SM (sado-masochiste), mais ma langue a fourché et j’ai dit SMS. Madonna qui est très portée sur les SMS a été prise d’un immense fou rire. C’est vraiment quelqu’un qui a un grand sens de l’humour.”
Une autre fois, alors qu’il avait été invité dans la maison de campagne de M pour une session de travail, Laprise s’est retrouvé de bon matin dans sa cuisine. M dormait, la maison était parfaitement silencieuse et Laprise a eu le malheur de tousser. Deux secondes plus tard, une assistante recevait un message texte commandant le silence absolu. Ce coup-là , c’est Laprise qui a failli être pris d’un fou rire.
Le Québécois assure qu’il a entretenu un réel dialogue artistique avec la chanteuse tout au long de leur collaboration. “Au début, j’avais 250 idées. J’en ai présenté sept. L’idée de la cathédrale, du plafond de verre, de l’encensoir, c’est de moi. Si c’était à refaire, je referais tout demain matin en sachant que ça serait tellement plus facile la deuxième fois.“
Michel Laprise espère que M fera encore de la scène quand elle aura 70 ans. Il rêve d’ailleurs de retravailler avec elle à ce moment-là . Les petites controverses que M a alimentées tout au long de la tournée MDNA, en exposant un sein, en s’attaquant à Marine Le Pen ou en se portant à la défense du groupe Pussy Riot ne le dérangent pas. Au contraire. Il y voit la preuve de la grande indépendance d’esprit d’une femme parfaitement assumée et libre. C’est pourquoi il ne faudra pas se surprendre de voir Madonna arborer un carré rouge à Montréal. à€ défaut de faire scandale, ce bout de tissu rouge donnera une couleur locale supplémentaire à la mise en scène.”
L’intégralité de l’article est disponible ICI
Source: Nathalie Petrowski pour lapresse.ca