Interview de Madonna dans le quotidien ”Yediot Ahronot”
Alors que les deux concerts du Sticky & Sweet Tour 2009 en Israà«l les 1er et 2 septembre approchent, le journal israélien “Yediot Ahronot” a publié une interview de Madonna dans laquelle elle parle des ses années au lycée, de ses adoptions, du succès.
En voici la traduction en français.Un grand merci à “Lighthouse” Mike de l’avoir traduite de l’hébreu à l’anglais
Après avoir conquis le monde, Madonna essaie de le sauver.C’est le moment propice à la réflexion:le passé quand elle était une jeune fille bizarre qui ne se rasait pas les jambes, ses débuts difficile à New York et l’adoption controversé en Afrique.
Interview exclusive.
Q > Comment expliquez votre changement de personnalité ?
M: Quand j’étais plus jeune, je m’intéressais qu’à moi-même, comme la plus part des jeunes de 20 ans.Après avoir accouchée, tout a commencé à changer, c’était ma piqà»re de rappel.Pour beaucoup de gens c’est le moment où ils ont envie de faire passer les autres avant, grâce à mon travail au Malawi j’espère être une meilleure personne.
M: J’ai grandi dans un environnement normal qui ne vous inspirez pas à faire grand chose à Detroit, un monde dans lequel personne n’était encouragé à être quelqu’un de différent.Je suis devenue ami avec mon premier professeur de danse, il était gay et il a était le premier à m’emmener dans un club gay.Dans toutes les écoles où je suis allée j’avais toujours l’impression d’être une étrangère, et quand mon professeur de danse m’a emmenée dans ce club et que j’ai découvert à quel point ils étaient tous différents et que tout le monde les acceptaient pour ce qu’ils étaient, je me suis sentie chez moi.
“Je ne me suis jamais intégrée à ces groupes populaires, Donc je finissais par être considérée comme la fille bizarre.Mes centres d’intérêts c’était le ballet et la musique, et les ados peuvent être très méchants si vous êtes différent.Alors par dépit j’ai décidé de mettre mes différence en avant, je ne m’épilais pas les jambes ou les dessous de bras, je refusais de me maquiller ou de me comporter comme une petite fille modèle, donc bien sur ça les a inciter à me torturer encore plus, ce qui confirmait ma supériorité”.
Quand Madonna a quitté le lycée pour entrée dans la ‘vraie vie’ elle a compris qu’elle n’était pas aussi spéciale qu’elle le pensait, au moins en ce qui concerne le talent.Et sa première tentative pour conquérir le monde, pour être ‘plus célèbre que Dieu’, cela a été en tant que danseuse.
“J’ai fais de la danse pendant des années mais la dure réalité de New York m’a montré qu’il y a des centaines d’autres filles voulant faire exactement la même chose et que je n’étais pas spéciale.Je ne pouvais pas me permettre de payer un loyer et j’ai très vite compris que je devais trouver d’autres moyens pour subvenir à mes besoins, heureusement je ne suis pas allée jusqu’à être strip-teaseuse.Depuis ce temps là , je pense que les meilleures choses dans la vie sont celles que l’on a gagné.On apprécie principalement les choses pour lesquelles on a du se battre.”
Q > Vous appréciez autant les choses, en tant que femme qui a tout vécu et qui a tout eu ?
M: Il y a 30 ans tout ce que je voulais c’était de quoi manger et un toit au dessus de la tête, je voulais juste survivre à New York, me trouver une place dans le monde et me faire entendre.Et aujourd’hui je mesure mon bonheur par le fait que je suis reconnaissante d’avoir encore toutes ces choses, et même si matériellement, j’ai eu beaucoup de succès ces 25 dernières années.J’ai toujours l’impression de mener un combat et je me bas toujours contre les contradictions de la vie.J’essaie toujours de comprendre où je vais, de voir la différence entre le bien et le mal, de voir les choses telles qu’elles sont, et je me bas toujours entre la lumière et l’obscurité’
Ces dernières années Madonna a trouvé la lumière dans l’endroit le plus sombre, le Malawi.Madonna a pris ce pays sous son aile et l’a même raconté dans un film pour faire la lumière sur les moments difficiles et la pauvreté dont ses habitants sont victimes, sur la façon dont l’occident profite d’eux, et principalement sur la pandémie qui suit Madonna depuis ses débuts à New York, le SIDA.
M: J’ai l’impression de revivre l’histoire et la tragédie.Je me souviens du début des années 80 à Manhattan, quand le sida a fait son apparition, j’ai rencontré un musicien qui avait ce que l’on connaissait sous le nom de VIH, mais on ignorait ce dont il souffrait, et tout d’un coup de plus en plus de gens sont tombés malades, jusqu’à ce que finalement on lui donne un nom et que l’on savait ce que c’était.Toute la communauté gay a été mise à l’écart et a été étiquetée, et beaucoup de personnes que j’aimais ont commencé à mourir, je me sentais impuissante, mon voyage en Afrique avait en quelque sorte une impression de déjà -vu”
Q > Qu’est-ce que vous avez appris d’autre de ce voyage ?
M: “La chose la plus importante que j’ai appris de cette expérience c’est que les gens sont partout les mêmes.Nous sommes tous perturbé et plutôt en mauvais état, l’ironie c’est que, on revient d’Afrique dans un monde où nous vivons tous, où on a l’impression d’avoir tellement, et puis vous commencez à vous demander: on a tant de choses mais on vit dans un tel chaos, tout le monde est déprimé, prend des médicaments et se plaint toujours.Nous avons beaucoup à apprendre des pays du tiers-monde, ils possèdent peu de choses mais les gens apprécient beaucoup plus la vie.
“Je généralise, tout le monde ne se plaint pas, mais après ce voyage vous commencez à voir les choses avec la bonne perspective, et vous comprenez que le fait de posséder beaucoup ne veut pas dire que vous serez heureux, vous commencez à vous apitoyer sur vous même et à jouer la victime et ensuite je retourne à ma vie dans le luxe et je commence à me demander comment je peut conserver cette nouvelle potentialité avec tout ce que je possède? C’est important de se lever chaque matin et de comprendre à quel point vous avez de la chance, juste de se réveiller en vie et d’être en bonne santé, puis passez à l’étape suivante et levez-vous, vivez et travaillez, puis vous pouvez également y ajouter une famille et la liste continue encore et encore”.
Q > Avez-vous déjà souffert de schizophrénie, un jour vous vivez dans un appartement luxueux ou dans un hôtel et le lendemain vous êtes en Afrique ?
M: “Oui mais c’est la beauté de la vie, et c’est important de connaitre ces extrêmes.Quand j’ai visité l’Inde il y a quelques années lors de vacances, à un moment j’étais dans un palace et le suivant j’étais dans les rues de Numbai avec des bombes et des enfants qui vivent dans la rue.La beauté d’un palace ne me touche pas autant que le sourire d’un orphelin”
….Je cherche les points faibles de la carrière de Madonna, et je les trouve dans ses films, vous n’avez pas besoin d’un diplôme de sociologie pour comprendre qu’elle a essayé de contrebalancer ses échecs en épousant des grands noms du cinéma comme Sean Penn et Guy Ritchie.
M: “Guy et moi, nous ne faisons pas le même genre de films”, avait-elle déclaré avant son divorce.”Je n’ai pas toute la connaissance technique qu’il a, il a une vision, la testostérone donne de la puissance à ses films, les miens viennent d’un point de vue très féminin, et je ne peux m’empêcher d’être autobiographique dans tout ce que je fais”
“Mon film parle de la dualité de la vie, l’obscénité et la vertu sont les exemples parfaits d’être trop différents les uns des autres mais dans la vraie vie on n’est pas trop éloignés.Je pense que ce que j’ai voulu dire dans ce film c’est qu’il est possible d’apprendre et de vivre éclairé par ces deux aspects.”
“Parce que j’ai goà»té à la réalisation, j’ai besoin d’un deuxième morceau; si vous êtes un acteur, alors ce n’est pas votre vision, c’est le réalisateur qui décide de l’histoire, les acteurs sont comme les pièces d’un jeu d’échec que quelqu’un d’autre déplace.Je suis devenu réalisatrice parce que je voulais mettre en oeuvre ma vision.Quand j’ai réalisé mon film, j’ai laissé mes acteurs travailler avec moi, j’ai particulièrement adoré les répétitions: c’est magique, quand vous entendez les mots que vous avez écrits sortir de la bouche des acteurs, alors qu’ils leurs apportent leur personnalité.”
Q > Pourquoi avez-vous appelé votre maison de production “Semtex” ?
M: C’est une idée du producteur français Mirwais.Il a travaillé avec moi sur certains de mes albums et il m’avait surnommée “Semtex Girl” parce que j’explosais quand j’arrivais dans le studio.
Q > Vous avez toujours des explosions de colère ou vous êtes plus calme ?
M: Je n’explose plus dans le même sens, mais j’ai une personnalité dynamique.
Q > Ce qui veut dire ?
M: “j’utilise le côté droit et gauche de mon cerveau non stop.Par conséquent je ne dors pas beaucoup.Mais j’ai une équipe de gens extraordinaire, un système de soutien sans lequel je serais perdue.Je suis aussi quelqu’un extrêmement organisée, Donc la fusion de cela et de mon comportement compulsif crée beaucoup de choses.”
Q > y-a-t-il une chanson que vous regrettez de ne pas avoir écrite ?
M: “Between the bars d’Elliot Smith”.
Même sans ce titre, Madonna a un répertoire immense de titres pour ses concerts des 1er et 2 septembre en Israà«l qu’elle produit elle-même.C’était important pour elle de se produire ici et les artistes de nos jours doivent avoir d’autres idées en raison de la chute des ventes de disques.
M: “Il y a qu’une chose que vous ne pouvez pas télécharger sur internet, les concerts en live.Et je sais comment m’y prendre pour monter un spectacle.”
“J’aimerais faire un film ici sur les enfants, pendant que je travaillais sur mon film sur le Malawi, j’ai vu un documentaire sur des enfants juifs et palestiniens qui partageaient une école et ça m’a beaucoup touché.Voyager à travers le monde m’inspire, en particulier mes séjours au Moyen-Orient, alors que j’essayais de comprendre tout ce bouleversement.”
Q > Il y a quelque chose de très bohémien dans ce que vous dites ainsi que dans vos films
M: Je pense que secrètement je veux être une gitane.L’idée de voyager et de faire de la musique et de laisser la vie suivre son cours est très authentique, c’est quelque chose que je vois chez beaucoup de gitans que j’ai rencontré de part le monde et de qui je suis très fan.j’espère en avoir fait un peu partie avec mon travail.”
Au sujet de l’adoption:
M: Il n’y pas de controverse au sujet de mes adoptions, seulement beaucoup de bureaucratie et de paperasse.La mère de David est morte du sida et quand j’ai rencontré son père, il était d’accord pour l’adoption.Ma démarche a été ce qui a initié les lois sur l’adoption au Malawi, jusque là il n’y en avait aucune, donc d’une certaine façon, je suis un modèle pour les futures adoptions,et j’espère qu’après tout ce que j’ai traversé dans cette bataille cela sera plus facile pour les autres.Je suis heureuse d’être le rat de laboratoire.’
“Au fait, j’explique tout cela comme faisant parti de mon karma, cela devait arriver, donc oui, cela a été douloureux, c’était un grand obstacle, je ne l’ai pas compris mais la fin justifie les moyens.”
“Quand une femme accouche, elle souffre beaucoup, et j’ai également souffert lors de ces procédures d’adoption.J’ai fait face aux médias qui m’ont accusée de kidnapping, ou de ce qui vous plaira de d’appeler ça.J’ai du traverser ce qui s’apparente à un procès mais au final j’en suis ressortie plus forte, je ne peux pas me plaindre.”
Q > Comment vos enfants font face à la célébrité ?
M: “J’ai eu beaucoup de conversations avec eux à ce sujet, et pourquoi les gens sont si obsédés par la célébrité.Pour moi il était important de leurs dire que ces obsessions sont une conséquence de la créativité, les gens aspirent à devenir artistes, écrivains ou acteurs,et alors lorsqu’ils ont du succès, la société dans laquelle on vit devient obsédée par eux, et malheureusement le succès en fait parti.Mais cependant les vedettes peuvent vivre avec la célébrité et l’obsession.”
Q > Comment les gens en Afrique se comporte-ils avec vous ? On vous reconnait là -bas ?
M: “Il n’avait aucune idée de qui j’étais jusqu’à ce que les paparazzi débarquent”
Q > Comment les orphelins réagissent face à l’argent ?
M: “Un soir, les filles de l’orphelinat ont passé la nuit dans une chambre d’hôtel, elles ont pris les matelas et les ont mis sur le sol, entre autres choses très mignonnes.Ma fille avait un dessin animé sur son iPod qui s’appelait “Bouges tes pieds” et elles l’ont toutes regardé, elles se sont partagées les écouteurs et ceux malgré qu’elles ne comprenaient pas un mot.Un autre moment très mignon: quand elles ont mis et retiré leurs pieds de la baignoire.Pour moi, juste avoir vécu ces moments est une chose inoubliable.”
Q > Avec autant d’enfants et ce travail bénévole, vous avez encore du temps pour le sexe ?
M: “Je ne sais pas qui vous a dit qu’il n’y avait plus d’érotisme après avoir eu des enfants.”
Traduction hébreux/anglais: Mike
Traduction: anglais/français: MadonnaTribe